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Prolégomènes

Cette aventure a des racines lointaines.

Déjà, il y a plus de sept ans, la retraite s’annonçait, vers 60 ans. Une espèce de consensus dictatorial ‘maison’ laissait une marge de manœuvre, au pire de quelques semaines pour les impétrantes. Mais un vague projet de coordination, au périmètre encore imprécis, commençait à poindre sérieusement, comme une pousse de blé après printemps pluvieux. En haut lieu, intéressé, on temporisa.

Le législateur y mit son grain de sel. Le périmètre se précisa : Rhône-Alpes-Bourgogne. On déménagea… L’affaire était plaisante. Et Paris plus près. En rêve, le périmètre s’élargit à la France entière. Les rêves sont les tremplins de la réussite, les bons managers le savent secrètement. Mais il fallait user de ressources supplémentaires, de numéros verts et de reconnaissance, monter les tours, sans défense ou presque. Prendre quelques assurances (contre les RPS par exemple).

Une vision claire depuis le début. Une ténacité de titane. Précision, respect. Et en quelques mois, l’affaire fut dans le sac.

Madame la coordinatrice est maintenant libérée, mission impossible accomplie ! Ça méritait bien une croisière…

* Prolégomènes : (n. m. pl.) exposé préliminaire des principes qui fondent une démarche, une théorie, une démonstration.

DD

Samedi 17 mai – Marseille

Dans le train vers Marseille. Alpilles et canal de Provence.
Dans le train vers Marseille. Alpilles et canal de Provence.

Cette croisière est une aventure à plus d’un titre ! C’est sans doute notre première excursion de plusieurs jours sans les enfants depuis notre voyage de noces… C’est aussi le premier voyage important où nous acceptons d’être pris en charge par une organisation : hébergement, restauration, visites touristiques, animations, etc. Qu’allons-nous vivre pendant ces 11 jours ?



Marseille. Formalités d'embarquement.
Marseille. Formalités d’embarquement.

Nous avons quitté notre appartement ce samedi 17 mai 2014 à 9:45. Et nous sommes montés à bord du MS Louis Aura vers 17 heures après des formalités un peu longues, car nous sommes 480 passagers environ.

Première surprise : nos compagnons de route appartiennent majoritairement au 3e âge. Sauf quelques exceptions, nous sommes dans les plus jeunes. Mais l’ambiance ne s’annonce pas pour autant morose. Déjà au restaurant près de la gare, à midi, un groupe de cinq femmes (entre 60 et 80 ans) s’étaient distinguées par une vitalité surprenante ; veuves, parisiennes, elles ont déjà fait des croisières ensemble. Nous découvrirons progressivement que beaucoup sont des récidivistes comme elles. Un indice rassurant !


17_exercice_securite
Départ Exercices de sécurité.

Après le pot d’accueil, les exercices de sécurité et l’installation dans notre cabine, nous prenons notre premier repas : nourriture abondante, à la mode grecque : entrée, potage, plat, dessert. Nous nous retrouvons à table avec les cinq femmes que nous avions repérées dans le restaurant à midi : Annie, Chantal, Christiane, Peggy et Pierrette. On n’allait pas s’ennuyer avec elles !



Brigitte
Brigitte

En soirée, l’équipe d’animation du Pèlerin nous présente les animateurs des groupes. Nous savions que nous faisions partie du groupe 4. Notre animatrice, Brigitte, connaît bien la croisière pour l’avoir déjà faite. Cette organisation en groupes de 30-40 personnes va faciliter nos déplacements (débarquements et embarquements, voyages en car, visites, restaurants à midi, etc.). Nous y retrouvons des lyonnais, un couple clermontois, et même un expert-comptable de Thiers, avec son épouse, qui avait été mon confrère dans une vie antérieure.


Nous nous couchons bercés par le bruit des diesels. La mer est calme. Tout va bien. Demain, dimanche : la météo s’annonce favorable pour visiter Barcelone.
(Daniel)

Plus de photos.

Dimanche 18 mai – Barcelone et Montserrat

Vers Barcelone, lever de soleil.
Vers Barcelone, lever de soleil.

J’étais sur le pont, ce dimanche matin, pour voir le lever du soleil à l’approche de Barcelone, capitale de la Catalogne, deuxième ville d’Espagne. Très beau temps, mer calme. Nous étions seuls en mer. La côte se devinait à tribord par quelques lumières. Le spectacle était grandiose. L’immensité du large, par opposition à la côte dont nous nous rapprochions très rapidement, m’inspirait un sentiment de plénitude. Ambiance complètement différente d’un lever de soleil en montagne où le soleil éclate quand il apparaît au-dessus d’une crête, et que seul le bruit du vent nous accompagne. Richard Strauss a très bien mis en valeur ce moment dans sa Symphonie alpestre, au 2e mouvement (sonnenaufgang). Ici, le soleil est presque timide en sortant de l’horizon là-bas, à l’est par bâbord. Il s’installe doucement dans l’aube qui l’a préparé. Seul le bruit des moteurs est perceptible.


En entrant dans le port de Barcelone
En entrant dans le port de Barcelone

 

 

 

 

 

 

 

 

À tribord, le détail des immeubles se fait de plus en plus précis au fur et à mesure que la lumière arrive. Un nouveau jour commence.

Les guides vont être enchantés car cinq paquebots-hôtels (de 4 à 5000 places chacun) sont arrivés dans la nuit ou le soir précédent. L’activité du port contraste avec celle de Marseille où nous n’avions vu qu’un navire-hôtel de 3000 places et deux porte-containers. À Marseille, les dockers sont payés au-dessus du SMIC français ; ici les dockers sont payés au SMIC espagnol (entre 600€ et 800€) !

À 8h00 (dure est la vie d’un touriste en croisière ! ), nous arpentons les rues de Barcelone, vides ou presque.

SDF catalane ressemblant à tous les SDF…
SDF catalane ressemblant à tous les SDF…

Ici, une clocharde charge sa poussette et nettoie le banc où elle a passé la nuit avant de partir vers d’autres quartiers (je la repérerai plus tard dans le quartier gothique).







Sagrada familia, façade est
Sagrada familia, façade est

Là, nous arrivons à la Sagrada Familia de Gaudi : quel souffle ! Pourtant (contraintes du planning obligent), nous ne voyons que l’extérieur. Notre petite guide est merveilleuse. Il nous faudra revenir deux jours sans doute pour tout voir…









Antiquités dans le quartier gothique
Antiquités dans le quartier gothique

 

 

Puis, c’est la visite du quartier gothique, le vieux Barcelone. Pittoresque.






Retour aux cars et direction Montserrat, à 60 km. Haut lieu de résistance spirituelle pendant le franquisme. Le père abbé refusant de recevoir Franco était allé rendre visite au pape pour se donner une excuse ; Franco lui avait bloqué son retour au monastère. Montserrat est un centre mondialement reconnu pour son expertise dans le chant religieux, grégorien en particulier. Le cadre naturel est très particulier.

La plupart des Catalans y viennent une fois par an. C’était dimanche, nous avons trouvé beaucoup de monde, dans une ambiance familiale. Il y avait un petit festival de sardane.

Festival de sardane
Festival de sardane

Retour au bateau qui appareille à 19h30. Après une journée en mer, nous arriverons à Malaga.
(Daniel)

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Lundi 19 mai – en mer

Après la journée marathon de la veille, nous apprécions une journée en mer pour prendre nos marques. La découverte du bateau est aussi une aventure. Six ponts sont ouverts aux passagers, deux restaurants, deux grands salons, trois bars. Au pont 9, un pont-promenade permet de faire tout le tour du bateau par l’extérieur. Construit en 1968, et battant pavillon maltais, ce bateau appartient à la compagnie chypriote Louis Cruise qui organise des croisières en Méditerranée et collabore avec Rivages du Monde dans leur partenariat avec les publications du groupe Bayard. « Une vielle dame alerte » nous dira le commandant Kostas Gritzelis.

Sur 180 membres d’équipage, les marins sont majoritairement grecs ou chypriotes ; les serveurs, cuisiniers et personnels de cabine sont mauriciens (une communauté de 90 jeunes) ou ukrainiens (de l’est). Les Mauriciens parlent le français parfaitement. Très souriants, ils mettent une ambiance colorée. Voici un exemple : un serveur bousculé un peu trop brutalement vient de laisser tomber son plateau avec toutes les assiettes préparées en cuisine. Tous ses collègues se sont écriés en chœur avec lui : « Que du bonheur ! » Même les plus revêches ont éclaté de rire face à un tel optimisme !

Accueil en cabine. Ce soir : un éléphant !
Accueil en cabine. Ce soir : un éléphant !

 

 


Nous nous sommes liés d’amitié avec notre chef de rang, Yudraj, mauricien, un serveur ukrainien, Eduard, solide gaillard au grand cœur, dont nous avons fêté les 23 ans avec une petite attention (Marie-Jeanne aura droit par la suite à une bise comme apéritif à chaque repas, et moi du « How are you, Sir ? »), Kithis, le sommelier, et Cheik un autre serveur, mauriciens tous les deux. Tous ces jeunes sont partis un mois plus tôt, pour 8 mois sans beaucoup de congés pendant tout ce temps. Yudraj faisait sa 7e campagne ; Eduard, sa première et son moral était parfois hésitant. Notre cabinier, Dhanjay, était mauricien et notre femme de chambre, Olena, ukrainienne. Avec eux aussi, nous avons eu des contacts excellents, agrémentés de quelques facéties. Que ce soit au restaurant, aux bars ou pour la cabine, quand le professionnalisme s’accompagne de sourires francs qui disent sans mentir que ces gens sont heureux d’être à notre service, ce n’est « que du bonheur ! »

Une connivence profonde se développera au fil des jours entre l’état-major du navire, Rivages du monde avec son directeur de croisière, Frédéric (maître d’œuvre) et le staff du journal Pèlerin, dirigé par le P. Jacques Nieuviarts (maître d’ouvrage) et présidé par Mgr Pierre Molère, évêque émérite de Bayonne. La croisière avait été proposée et vendue comme « croisière-pèlerinage », ce qui peut se comprendre avec les étapes à Fatima (le Lourdes du Portugal), et à Saint Jaques de Compostelle. Il aurait été sans doute plus précis d’évoquer une « croisière spirituelle ». La messe était proposée tous les jours, avec une animation excellente pour les chants, et avec un accompagnement musical professionnel (par le directeur de l’orchestre de Fourvière qui a pratiqué tous les orgues des églises visitées). Mais en dehors de ces cérémonies, chacun était bien libre de meubler son pèlerinage à sa manière. L’attention du P. Jacques Nieuviarts à chacun (passager ou membre de l’équipage), sa bienveillance, sa sensibilité aussi, auront été déterminantes pour l’ambiance générale.

Il faudrait parler aussi des contacts entre nous. Beaucoup de personnes âgées appréciaient un soutien physique pendant les déplacements parfois un peu sportifs (escaliers, rues pentues, trottoirs défoncés, ou sur le bateau quand la houle un peu forte nous faisait zigzaguer comme quelqu’un qui a trop bu). Le découpage en groupes favorisait les rencontres plus personnelles, dans les cars ou pendant les déplacements à pied. Nous avons entendu beaucoup de souffrances, des deuils récents qui cherchaient des oreilles disponibles et discrètes. Le cadre se prêtait bien à ces confidences, et nous avons bien apprécié ce genre d’écoute.

Nous avons été profondément enrichis, grâce à toutes les personnes avec lesquelles nous avons été en contact pendant cette croisière. Elles sont prioritairement à l’origine de notre bonheur dans cette expérience.

En soirée, nous avons eu le cocktail du commandant, en tenue « habillée » pour la circonstance. En fait de cocktail, il s’agit surtout d’une cérémonie photos. D’abord devant le tableau d’un monumental escalier en bois, type victorien. Puis avec le commandant. Et ensuite, au restaurant. Le photographe du bord ne chômera pas. À chaque escale, il sera présent à la coupée ; parfois avec un corsaire, parfois avec un officier…

Et voilà le résultat !
Et voilà le résultat !

 

 

(Admirez les étoiles autour de MJ ; je suis bancal, car le commandant venait de me donner un coup de coude…)


Tous les soirs, un spectacle est proposé. Un orchestre dans chaque salon permet à ceux qui le souhaitent de danser. Les habitués auront vite autorité sur les artistes pour choisir les partitions.
(Daniel)

Mardi 20 mai – Malaga, Cordoue

Départ à 7h30. Le groupe n°4 se retrouve dans le grand salon avec notre animatrice Brigitte. Quelques participants resteront à bord, dont Daniel pour un peu de repos.

Nous traversons Malaga, entourés de jacarandas, ces magnifiques arbres aux fleurs bleues, de lauriers roses ou blancs et continuons à travers la campagne vallonnée. Immenses champs d’oliviers à perte de vue, ponctués de plantations de kiwis et de vignes.

Campagne andalouse
Campagne andalouse

Anita notre guide du jour, nous signale un village perché et son cimetière contigu tout de blanc recouverts.

Village andalou
Village andalou

Pendant le trajet, elle nous explique l’histoire de Cordoue, Cordoba en espagnol.

Les Phéniciens, les Grecs puis les Romains se sont installés dans cet endroit stratégique au bord du Guadalquivir, très utile pour le transport et le commerce (note historique).

Cordoue, le pont romain
Cordoue, le pont romain

 

Cordoue, la Juderia
Cordoue, la Juderia

Après avoir emprunté le pont romain, nous découvrons la Juderia, témoin de l’influence juive, culturelle et économique, ses ruelles étroites et blanches, ses plazas de Maïmonide, de Tiberiades, l’ancienne synagogue de 40 m², camouflée lors des persécutions et redécouverte à l’occasion de travaux.






Cordoue, ancienne synagogue
Cordoue, ancienne synagogue

Les décorations en stuc mises à jour, apparaissent finement travaillées. La salle des femmes est accessible par un escalier à côté de la porte d’entrée.







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En contre-bas entre arcades et pavés de galets, apparaît un patio fleuri de toute part, avec son puits au support de poulie en fer forgé, ses orangers entourés de grenadiers et quelques sièges pour se poser.


 


 Quelques mètres plus loin se dresse l’entrée de la fameuse faculté de philosophie et de lettres de Cordoue et la plaque évoquant Averroes, célèbre médecin, mathématicien et philosophe du XIIe siècle, né à Cordoue puis magistrat de la ville.


Cordoue, mosquée
Cordoue, mosquée
Cordoue, Mosquée-Cathédrale
Cordoue, Mosquée-Cathédrale

La visite de Cordoue se poursuit avec la mosquée-cathédrale, impressionnante par sa forêt de colonnes, ses perspectives, ses agrandissements successifs, sobres ou raffinés. La cathédrale de style gothique renaissance et baroque, construite au milieu de la mosquée au XIIIe siècle, rompt la perspective des colonnes.


Cordoue, orgues de la cathédrale
Cordoue, orgues de la cathédrale
Cordoue, Cathédrale, retable
Cordoue, Cathédrale, retable

Orgues et stèles majestueuses font face au grand retable qui surplombe le maître-autel.










La cour des Orangers à l’extérieur a remplacé l’espace réservé aux ablutions.
(Marie-Jeanne)

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Mercredi 21 mai – Séville

Sitôt le bateau arrimé au quai, nous débarquons pour une visite de Séville que nous rejoignons en car (125 km). Nous sommes maintenant bien rodés pour ce genre de manœuvre. Rassemblement par groupes au grand salon, comptage des présents, débarquement, montée en car, nouveau comptage et départ. Les groupes accueillent à tour de rôle des responsables, animateurs ou artistes : Brigitte nous les présente rapidement dans le car. Aujourd’hui, le père Jacques Nieuviarts, le responsable de la croisière pour Pèlerin nous accompagne. Notre guide s’appelle Lourdès (la plupart des femmes portent le prénom de Marie associé à un lieu de culte ; Marie de Lourdes a donné Lourdès !).

Séville : voilà le Guadalquivir navigable depuis la mer jusqu’ici, et les riches plaines vallonnées tout autour, deux éléments majeurs qui ont assuré sa suprématie. Aujourd’hui, Séville, pour nous, ce sont d’abord les jardins, les arbres, les fleurs. Il a beaucoup plu les jours précédents. Les bougainvilliers ont résisté. Mais pas les jacarandas :  leur bleuté qu’on imagine éclatant, est un peu clairsemé. Il fait beau, le sol est encore humide, détrempé même par endroits, mais l’air est frais comparée aux 35° de la semaine précédente. La petite marche dans ces lieux enchanteurs finit de nous réveiller de bon pied et de bonne humeur.

Séville, jardins
Séville, jardins

Séville, quartier Santa Cruz
Séville, quartier Santa Cruz

Puis nous déambulons dans le quartier Santa Cruz, avec ses petites rues aux murs blancs ou couverts de céramiques pour favoriser la fraîcheur, et nous arrivons à l’Alcazar.











L’Alcazar ! Une merveille d’ingéniosité écologique pour trouver fraîcheur en été et chaleur en hiver. Une merveille géométrique dans les panneaux et les coupoles : les motifs à lire sur plusieurs plans, les chemins labyrinthiques que l’on suit comme une marche hypnotique, dessinant étoiles et autres figures géométriques. Une telle maîtrise de la céramique et du stuc associée à une recherche figurative si prolifique laisse perplexe. L’artisan arabe avait un rapport au temps qui nous échappe. Il faudrait pouvoir rester des heures à contempler un panneau, une coupole… pour en déceler tous les détails !

Séville, L’Alcazar. Détail mosaïque
Séville, L’Alcazar. Détail mosaïque

Suivez le labyrinthe des filets blancs. Remarquez les couronnes d’étoiles orange autour de l’étoile noire ; puis les motifs étoilés bleus en cercle ; puis les motifs étoilés orange et plus loin encore, noir… Chaque pièce a été appliquée humide, et n’a plus bougé depuis qu’elle est sèche. Tout le mur entourant le patio est ainsi !

Séville, la Giralda
Séville, la Giralda

La cathédrale (une des plus vastes parmi toutes les cathédrales gothiques) et l’ancienne mosquée, complètement détruite ici et dont il ne reste que le minaret majestueux, surmonté pour installer les cloches et la girouette, giralda, emblème de la ville. La cathédrale, carrée, pose la question des modes architecturales traduisant une quête plus politique que spirituelle. Voilà le symbole de la reconquête catholique des terres musulmanes : c’est ici à Séville qu’elle prit fin pour l’Andalousie, en 1248 ! Mais ce lieu ne m’incite pas à la prière, ni au recueillement. Est-ce à cause de la giralda ? Déception.





Séville. Place d’Espagne
Séville. Place d’Espagne

Pour finir notre visite, nous faisons une halte à la place d’Espagne, vestige incontournable de l’exposition ibéro-américaine de 1929. Ici, une idée originale, l’Espagne au cœur du monde, s’est traduite dans une unité riche d’enseignements. Le temps nous manque pour admirer les cartes, les tableaux, pour nous imprégner de cette ambiance universelle dont cette réalisation est restée l’emblème : bâtiments, places, chemins, canaux, ponts. Voilà un pays qui a trouvé sa richesse dans les voyages, le commerce, et surtout dans la diversité partagée. Une leçon toujours valable… La dépression mondiale de 1929 a quelque peu terni le succès de cette exposition ibéro-américaine, mais Séville s’est rattrapée avec l’exposition universelle de 1992 qui laisse de nombreux pavillons intéressants par leur architecture plus moderne. Voilà donc une ville qui a su accueillir ses occupants successifs (romains, musulmans, chrétiens, commerçants et hommes d’affaires), en en conservant l’héritage architectural et culturel. Ces évolutions associées à une permanence évidente de l’identité andalouse, incite à l’admiration et au respect.
(Daniel)

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Jeudi 22 mai – Lisbonne

L’arrivée à Lisbonne prévue en début d’après-midi permet de participer aux activités proposées à bord.

A 7h30, je rejoins la « marche sur le pont » et apprécie le « réveil musculaire » proposé par une jeune et dynamique animatrice.

En forme donc pour entendre la conférence de Claude Chauchadis : « Espagne, terre de sainteté », présentant les grandes figures de cette terre multiculturelle et leurs parcours mouvementés, animés de leur Foi profonde.

La rédaction du magazine Pèlerin a proposé ensuite un temps de partage avec les lecteurs ou intéressés présents. Présentation de l’organisation et des projets, échanges sur les attentes des lecteurs.

Vers 13 heures nous progressons dans le vaste estuaire du Tage sous le regard du Christ identique à celui de la baie de Rio, et accostons ensuite à Lisbonne.

Nous partons en bus dans les rues de la capitale portugaise, étendue ouverte sur l’espace maritime. Des banderoles, affiches ou panneaux annoncent la finale de la Ligue des champions qui verra s’affronter le 24 mai, deux clubs de Madrid, la capitale voisine.

Lisbonne. St Antoine
Lisbonne. St Antoine

 

 


Après la messe à la Sé cathédrale de Lisbonne, nous traversons le quartier qui a vu naître Saint Antoine, mort à Padoue. Il est d’ailleurs le saint patron de Lisbonne, fêté tout le mois de juin et plus particulièrement les 12 et 13 du mois.








Lisbonne. Le bateau vu de l’Alfama.
Lisbonne. Le bateau vu de l’Alfama.

 

 


Par l’Alfama, pittoresque dédale de ruelles, nous rejoignons le navire qui nous attend sagement à quai.










En attendant le repas à bord, nous savourons les propos d’Eric-Emmanuel Schmitt qui nous partage son cheminement et sa réflexion sur « Croire aujourd’hui », moment riche d’intériorité et d’ouverture.
(Marie-Jeanne)

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Vendredi 23 mai – Fatima

Départ matinal à 7h30… en bus avec Guillaume notre guide du jour qui nous partage sa vision de la vie quotidienne au Portugal et de l’impact de la crise financière. Mais la vitalité de ce peuple capable d’explorer les terres lointaines et de résister à l’influence espagnole ou mondiale, reste toujours présente.

Fatima. La Vierge
Fatima. La Vierge

Nous allons à la découverte de Fatima dont nous avons tant entendu parler soit par nos amis portugais, soit par sa renommée ou encore par nos accompagnateurs qui nous préviennent d’expressions surprenantes de la piété mariale. Étonnement en arrivant sur l’immense esplanade que certains pèlerins traversent à genoux. La chapelle des apparitions, discrète en contre-bas, nous rappelle que la Vierge a demandé à trois petits bergers, de faire pénitence. Dépouillement et ferveur nous portent pendant ces quelques heures.



Contraste entre le baroque de la basilique élancée qui surplombe l’esplanade, et la sobriété moderne de l’église de la Sainte Trinité, comme la crèche, intermédiaire entre ces deux édifices. De chaque côté de la Sainte Trinité, les statues de Paul VI et Jean-Paul II venu remercier la Vierge de Fatima pour l’avoir protégé lors de l’attentat du 13 mai 1981, jour anniversaire de la première apparition.

Célébration dans la chapelle du Sacré cœur, simple et priante.

Et nous voilà à table dans un immense restaurant face au sanctuaire. Tout est prêt et impeccable.

Et nous repartons retrouver notre maison flottante en nous arrêtant à Bélem.


Belem. Le cloître du couvent St Jérôme.
Belem. Le cloître du couvent St Jérôme.

Le cloître du monastère de Hiéronimos nous impressionne particulièrement, dentelle de pierre qui a résisté au tremblement de terre de 1755. L’église Santa Maria abrite les tombeaux du navigateur Vasco de Gama et de Camoens dans le style manuélin.


Belem. La Tour sur le Tage.
Belem. La Tour sur le Tage.

Et la Tour de Bélem, élégante et fortifiée, au bord du Tage, nous offre un temps de détente dans ses espaces verts environnants.

Journée chargée d’émotion et de découverte de ce petit pays si attachant.
(Marie-Jeanne)

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Samedi 24 mai – Porto

Nous arrivons à Leixoes, le port de Matoshinos, banlieue de Porto, vers 13h00. Le bateau aura toujours été ponctuel. L’après-midi est prévue pour la visite de la ville. Le matin, à bord, nous avons eu la messe, et une conférence de Claude Chauchadis, notre spécialiste de l’Espagne, sur les fêtes religieuses. Intéressant pour mieux comprendre les particularités de cette piété populaire, parfois déroutante par ses excès.


Porto. Église St François.
Porto. Église St François.

Après avoir suivi le bord de mer, le car remonte le Douro, côté Porto et nous emmène à la Sé (la cathédrale). L’ambiance est différente de celle de Séville, mais ce baroque prolifique a quelque chose qui me gêne. L’unité architecturale, à la suite des nombreux remaniements au fil du temps, est totalement absente. Nous visitons aussi l’église Saint François. Toujours ce baroque et ses kilos d’or qui font la fierté des habitants. Décidément, ma religion s’accorde mal avec ces déviations d’un autre âge.


Porto. Larga.
Porto. Larga.

Le car nous emmène de l’autre côté du Douro pour la visite d’une cave avec dégustation. Retour par le pont Luis I, ressemblant en petit à Garabit dans le Cantal, mais avec plusieurs tabliers pour la route, le métro et le train. Il a été construit par Seyring, disciple d’Eiffel qui avait construit le pont voisin Maria Pia.


Retour par les quais de la Ribeira où les embouteillages du samedi soir nous laisse le temps d’admirer les collines et leurs largas pittoresques.
(Daniel)

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Dimanche 25 mai – Santiago

7 heures : le MS Aura arrive à quai à Vigo, Espagne. Et quinze minutes plus tard, départ pour les marcheurs… à vrai dire il s’agit de faire 7 km à pied vers Saint-jacques de Compostelle, après 2 heures en bus à travers la Galice vallonnée.

Cette marche de pèlerin, le plus souvent silencieuse, nous permet de vivre modestement, le cheminement intérieur des jacquaires. Parcours facile. Mais la pluie diluvienne à l’arrivée nous fait apprécier l’abri de la cathédrale.

Célébration eucharistique émouvante, en ce lieu porteur d’humanité depuis des siècles, aboutissement de périples et berceau de transformations intérieures.


Santiago. Le botafumeiro (sous l’oeil attentif de Mgr Molère).
Santiago. Le botafumeiro (sous l’oeil attentif de Mgr Molère).

Pour terminer la cérémonie, le Botafumeiro, gigantesque encensoir, est balancé par 8 hommes de façon spectaculaire. Si l’encens élève la prière depuis des millénaires dans de nombreuses religions, il fut aussi utilisé ici pour masquer les mauvaises odeurs des pèlerins…

Mgr Molères nous invite à poursuivre notre chemin et à faire de nos vies un pèlerinage perpétuel.


Santiago. La basilique
Santiago. La basilique

Nous prenons ensuite quelque temps pour visiter les alentours de la cathédrale dont une tour est en réfection ; l’ensemble de l’édifice aurait bien besoin de restauration.

Et nous allons repartir pour La Corogne où le bateau nous attend ; mais pour la première fois depuis le début du voyage il manque 2 personnes ! Au bout d’une demi-heure ils sont enfin retrouvés et nous repartons.






A 20h30, le MS Aura appareille pour Le Havre. Abaji, musicien d’origine arménienne né au Liban, nous enchante avec les « Voix d’Orient » pour préparer une bonne nuit récupératrice.
(Marie-Jeanne)

D’autres photos ici.