Lundi 19 mai – en mer

Après la journée marathon de la veille, nous apprécions une journée en mer pour prendre nos marques. La découverte du bateau est aussi une aventure. Six ponts sont ouverts aux passagers, deux restaurants, deux grands salons, trois bars. Au pont 9, un pont-promenade permet de faire tout le tour du bateau par l’extérieur. Construit en 1968, et battant pavillon maltais, ce bateau appartient à la compagnie chypriote Louis Cruise qui organise des croisières en Méditerranée et collabore avec Rivages du Monde dans leur partenariat avec les publications du groupe Bayard. « Une vielle dame alerte » nous dira le commandant Kostas Gritzelis.

Sur 180 membres d’équipage, les marins sont majoritairement grecs ou chypriotes ; les serveurs, cuisiniers et personnels de cabine sont mauriciens (une communauté de 90 jeunes) ou ukrainiens (de l’est). Les Mauriciens parlent le français parfaitement. Très souriants, ils mettent une ambiance colorée. Voici un exemple : un serveur bousculé un peu trop brutalement vient de laisser tomber son plateau avec toutes les assiettes préparées en cuisine. Tous ses collègues se sont écriés en chœur avec lui : « Que du bonheur ! » Même les plus revêches ont éclaté de rire face à un tel optimisme !

Accueil en cabine. Ce soir : un éléphant !
Accueil en cabine. Ce soir : un éléphant !

 

 


Nous nous sommes liés d’amitié avec notre chef de rang, Yudraj, mauricien, un serveur ukrainien, Eduard, solide gaillard au grand cœur, dont nous avons fêté les 23 ans avec une petite attention (Marie-Jeanne aura droit par la suite à une bise comme apéritif à chaque repas, et moi du « How are you, Sir ? »), Kithis, le sommelier, et Cheik un autre serveur, mauriciens tous les deux. Tous ces jeunes sont partis un mois plus tôt, pour 8 mois sans beaucoup de congés pendant tout ce temps. Yudraj faisait sa 7e campagne ; Eduard, sa première et son moral était parfois hésitant. Notre cabinier, Dhanjay, était mauricien et notre femme de chambre, Olena, ukrainienne. Avec eux aussi, nous avons eu des contacts excellents, agrémentés de quelques facéties. Que ce soit au restaurant, aux bars ou pour la cabine, quand le professionnalisme s’accompagne de sourires francs qui disent sans mentir que ces gens sont heureux d’être à notre service, ce n’est « que du bonheur ! »

Une connivence profonde se développera au fil des jours entre l’état-major du navire, Rivages du monde avec son directeur de croisière, Frédéric (maître d’œuvre) et le staff du journal Pèlerin, dirigé par le P. Jacques Nieuviarts (maître d’ouvrage) et présidé par Mgr Pierre Molère, évêque émérite de Bayonne. La croisière avait été proposée et vendue comme « croisière-pèlerinage », ce qui peut se comprendre avec les étapes à Fatima (le Lourdes du Portugal), et à Saint Jaques de Compostelle. Il aurait été sans doute plus précis d’évoquer une « croisière spirituelle ». La messe était proposée tous les jours, avec une animation excellente pour les chants, et avec un accompagnement musical professionnel (par le directeur de l’orchestre de Fourvière qui a pratiqué tous les orgues des églises visitées). Mais en dehors de ces cérémonies, chacun était bien libre de meubler son pèlerinage à sa manière. L’attention du P. Jacques Nieuviarts à chacun (passager ou membre de l’équipage), sa bienveillance, sa sensibilité aussi, auront été déterminantes pour l’ambiance générale.

Il faudrait parler aussi des contacts entre nous. Beaucoup de personnes âgées appréciaient un soutien physique pendant les déplacements parfois un peu sportifs (escaliers, rues pentues, trottoirs défoncés, ou sur le bateau quand la houle un peu forte nous faisait zigzaguer comme quelqu’un qui a trop bu). Le découpage en groupes favorisait les rencontres plus personnelles, dans les cars ou pendant les déplacements à pied. Nous avons entendu beaucoup de souffrances, des deuils récents qui cherchaient des oreilles disponibles et discrètes. Le cadre se prêtait bien à ces confidences, et nous avons bien apprécié ce genre d’écoute.

Nous avons été profondément enrichis, grâce à toutes les personnes avec lesquelles nous avons été en contact pendant cette croisière. Elles sont prioritairement à l’origine de notre bonheur dans cette expérience.

En soirée, nous avons eu le cocktail du commandant, en tenue « habillée » pour la circonstance. En fait de cocktail, il s’agit surtout d’une cérémonie photos. D’abord devant le tableau d’un monumental escalier en bois, type victorien. Puis avec le commandant. Et ensuite, au restaurant. Le photographe du bord ne chômera pas. À chaque escale, il sera présent à la coupée ; parfois avec un corsaire, parfois avec un officier…

Et voilà le résultat !
Et voilà le résultat !

 

 

(Admirez les étoiles autour de MJ ; je suis bancal, car le commandant venait de me donner un coup de coude…)


Tous les soirs, un spectacle est proposé. Un orchestre dans chaque salon permet à ceux qui le souhaitent de danser. Les habitués auront vite autorité sur les artistes pour choisir les partitions.
(Daniel)

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